Une rentrée des classes non équitable en 2023 : la Fondation « Zanmi Timoun » demande aux autorités concernées de prendre leurs responsabilités
La Fondation « Zanmi Timoun » constate que certains élèves de la capitale et des zones avoisinantes peinent à reprendre le chemin de l’école pour ce début du mois d’octobre, alors que la rentrée des classes pour l’année académique 2023-2024 débute officiellement depuis le 11 septembre. Cette situation s’explique par la violence des gangs armés qui oblige les habitants-tes de plusieurs quartiers à se réfugier dans des écoles de la capitale. Par ce constat, il importe à la Fondation « Zanmi Timoun », comme étant une institution de promotion des droits de l’Enfant, de faire appel aux autorités concernées pour prendre des dispositions afin de donner une réponse satisfaisante à cette situation.
La Constitution haïtienne de 1987 garantit à tout un chacun la jouissance des droits qui constituent les valeurs de bien-être de la société comme : droit à l’éducation (art 32.1) et à la protection des droits humains, (art 19). De ce fait, l’État doit mettre en évidence ces articles de la constitution afin de répondre aux besoins éducatifs des enfants et des jeunes. Il est urgent également de permettre à toute personne de jouir le droit de circuler, de vivre sans être exposé à des risques de danger. Cependant, le gouvernement en place ne se soucie guère de tous ces droits que garantit la constitution à toute la population. Ce qui implique, d’une part, l’inégalité dans une certaine mesure entre les enfants qui ont la possibilité d’aller à l’école et ceux qui n’en ont pas. D’autre part, une partie de la population s’expose de plus en plus à des actes de violences de toutes sortes, ce qui les contraint parfois de quitter leur domicile en urgence pour se réfugier ailleurs.
En outre, nous pouvons constater le résultat catastrophique de l’examen du bac unique pour l’année académique 2022-2023, avec un taux de réussite national de 36.38%. Cela pourrait s’expliquer par les répercussions des actes de violences armées qui affectaient l’année scolaire dès le début de la période académique 2022-2023, en provoquant la fermeture et la délocalisation des écoles. Avec la quantité de déplacés qui occupent, surtout les espaces scolaires publics tels que : le Lycée Jean Jacques Dessalines, le Lycée du Cent Cinquantenaire, le Lycée Marie Jeanne, l’École Nationale République du Brésil…les résultats pourraient être encore catastrophiques pour ces élèves. De ce fait, l’État doit assumer sa responsabilité pour la réouverture des écoles qui ont servi comme camps d’hébergement pour les personnes déplacées à la suite des violences des groupes armés.
La Fondation « Zanmi Timoun » exige des institutions étatiques notamment le Ministère de l’Éducation National et de la Formation Professionnel (MENFP), le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) et la Police Nationale d’Haïti de prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité aux personnes déplacées, hébergées dans des écoles, afin qu’ils puissent retourner chez elles. Des travaux de réparations doivent être également effectués dans les écoles occupées par des personnes déplacées afin d’assurer le retour en classe des élèves concernés. En d’autres termes, l’État doit agir de telle sorte qu’il puisse répondre non seulement au besoin des déplacés occupant les espaces scolaires mais aussi des élèves qui sont dans l’obligation de regagner leurs salles de classe pour commencer l’année académique.
La Fondation « Zanmi Timoun » appelle les organisations sociales à se mobiliser pour faire respecter le droit à l’éducation pour tous et pour toutes en Haïti conformément aux prescrits de la constitution haïtienne et aux engagements internationaux pris par l’État haïtien. Une jeunesse sans éducation ne peut pas être l’avenir d’un pays qui connait une hémorragie de compétences depuis plusieurs années.
Fait à Port-au-Prince, le 9 Octobre 2023
Manoach PRESNA
Responsable de Programme
Tel : 509 3746-7196 / 3396-1778