L’obligation de l’Etat haïtien face aux enfants déportés à Belladère
Pendant que le mois de juillet 2016 marque la fin du permis temporaire des haïtiens ayant bénéficié du Plan National de Régularisation des Etrangers (PNRE), toujours sous les yeux indifférents des autorités haïtiennes, les autorités Dominicaines ne cessent de déporter des enfants de tout âge dans des conditions inhumaines et de façon arbitraires.
La Fondation « Zanmi Timoun » constate, depuis le 17 juin 2015, la situation dans laquelle les enfants sont déportés est très critique, inhumaine et dégradante surtout tous les points frontaliers. Ces déportations se font quasiment tous les jours par les membres des forces armées dominicaines, les agents de l’immigration et par les membres du CESFRONT particulièrement dans les points frontaliers de Ouanaminthe dans le Nord’Est, de Belladère dans le Plateau Central, de Malpasse (Ganthier) dans l’Ouest et à Anses-à-Pitres dans le département du Sud’Est.
Au cours de la période allant du mois d’avril au mois de juillet 2016, les animateurs de la Fondation « Zanmi Timoun » ont accueilli 196 enfants rapatriés de la République Dominicaine seulement au point frontalier de Belladère, dont 11 filles et 185 garçons. Le plus grand nombre de déportations d’enfants enregistré était le mardi 12 juillet 2016 aux environs de 2 heures PM à Carizal dans la Commune de Belladère où 23 enfants ont été déportés par les autorités dominicaines, dont deux fillettes. Ces enfants sont arrivés affamés, attristés, pieds nu, torse nu et non accompagnés d’un membre de leur famille, ils ont été détenus dans des camps refugiés à San Juan et à Elias Pinas deux villes frontalières de la République Dominicaine pendant au moins un jour avant d’être déporté sur le sol Haïtien. Généralement, ils ont subi le même traitement que les adultes lors de leur détention et de déportation.
Ces enfants ne sont pas épargnés du traitement impitoyable, ce qui est contraire aux prescrits de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant ratifiée le 11 juin 1991 par l’Etat Dominicain. Ces déportations arbitraires violent les principes fondamentaux des droits humains au regard du Droit International des Droits de l’Homme.
Par ailleurs, la fermeture du bureau de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) de la commune de Belladère depuis le 16 avril 2016 par les riverains, handicape le fonctionnement et l’intervention des acteurs étatiques sur la frontière dans le processus de la prise en charge des enfants déportés. Ainsi dire, aucun espace n’est identifié jusqu’à date pour procéder à l’accueil et la prise en charge de ces enfants.
Vu la détérioration de la situation des enfants et d’autres personnes rapatriés et déportés à la frontière, la Fondation « Zanmi Timoun » demande des interventions urgentes de l’Etat haïtien à travers des instances concernées en vue de faire face aux problèmes liés aux enfants non accompagnés ainsi que des autres personnes vivants depuis de nombreuses années en République Dominicaine.
Elle demande également à l’Etat haïtien de reprendre le dialogue de haut niveau avec les autorités Dominicaines tout en impliquant les organisations de la société civile afin de trouver une issue à la crise migratoire entre les deux pays.
Port-au-Prince, le 26 juillet 2016
Guylande MESADIEU
Coordonnatrice
Tél : 50936128566