Le Centre de transit de la Fondation « Zanmi Timoun » se déborde suite au nombre d’Enfants haïtiens rapatriés à la frontière haitiano-dominicaine de Belladère
Le calvaire des enfants rapatriés de la République Dominicaine ne cesse de susciter de graves inquiétudes au sein de la Fondation « Zanmi Timoun » depuis le début de l’année 2022. Le Centre de transit de l’institution à Belladère, qui reçoit les enfants haïtiens rapatriés et déportés est saturé en raison des rapatriements excessifs sur la frontière Belladère/Elias Pinas ces derniers mois. Il ne se passe pas un jour sans qu’au moins on enregistre une trentaine d’enfants déportés/rapatriés et non accompagnés à la frontière Carrizal, dans la commune frontalière de Belladère. Durant les 5 mois de l’année 2022, plus de 500 enfants non accompagnés ont été rapatriés de la République Dominicaine, dont 362 sont assistés par la Fondation « Zanmi Timoun ». Parmi ces enfants, la Fondation accueille 17 mineures enceintes de 4 à 6 mois. Généralement, selon leur témoignage, elles sont enceintes de leur passeur (buscones), d’un proche de la famille ou d’un voisin dominicain.
Les enfants rapatriés et déportés sont âgés entre 10 à 17 ans. Ces déportations violent les droits des enfants haïtiens garantis par la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant, ratifiée par l’État dominicain. Il s’agit d’une situation très complexe pour la Fondation « Zanmi Timoun » puisque la capacité d’accueil de son centre de transit est totalement dépassée par sa limite d’accueil. Seulement pour le mois de mai, 142 mineurs/res sont arrivés sur la frontière, dont 126 garçons, 16 filles.
La Fondation « Zanmi Timoun », organisme de défense et de la promotion des Droits de l’Enfant, se dit inquiète et s’empresse d’attirer l’attention des autorités gouvernementales en Haïti, sur l’ampleur délétère que prend cette situation qui envenime le quotidien de ces malheureux enfants. Ces enfants se plaignent des pressions et mauvais traitements qu’ils subissent de la part des passeurs (communément appelé Bouscones) au moment de leur voyage en République Dominicaine. Ces enfants sont arrivés sur le territoire haïtien dans des conditions extrêmement difficiles et visiblement épuisés. Il s’avère donc urgent d’agir en faveur de ces enfants. Si rien n’est fait, la situation risque d’être explosive, violences communautaires, délinquances juvéniles, traite de personnes dans la région entre autres…
La Fondation « Zanmi Timoun » souligne que la situation est réellement critique sur la frontière de Belladere. Elle doit interpeller la conscience de plus d’un notamment les principaux acteurs de la Protection de l’Enfance. La Fondation « Zanmi Timoun » demande aux autorités actuelles, de prendre des mesures urgentes pour la protection des enfants rapatriés de la République Dominicaine et d’intervenir auprès du gouvernement dominicain afin de faire cesser ces déportations illégales des enfants haïtiens. La Fondation « Zanmi Timoun rappelle que les États avaient un protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriement entre les deux pays, en 1999, qui interdit la séparation des enfants de leur famille biologique.
Fait à Port-au-Prince, le 27 mai 2022
Joseph Richard FORTUNE
Responsable de Communication
(509) 3187 7363