La Fondation « Zanmi Timoun » lance une alerte d’urgence à l’Etat haïtien et aux acteurs/ actrices de la Protection de l’Enfance sur la situation des mineurs/es au CERMICOL
La Fondation « Zanmi Timoun » est consternée par la situation désastreuse du système judiciaire haïtien. En effet, cette situation impacte grandement la vie des enfants en milieu carcéral, tel est le cas du Centre de Rééducation pour les Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL). Ce centre, inauguré en 2005, a été créé dans le but de recevoir les enfants qui ont commis une infraction pour les former, les rééduquer et les réhabiliter tout en créant un autre cadre de vie par la mise en œuvre des programmes de rééducation adaptés. Cependant, entre ce qui devrait être et ce qui est, il y a une grande faussée.
Lors d’une visite d’évaluation des besoins faite au CERMICOL, la Fondation « Zanmi Timoun » a constaté les conditions sanitaires déplorables dans lesquelles vivent les enfants et l’absence d’infrastructures dans le centre. Pratiquement tous les mineurs présentent des formes d’infections, particulièrement celles causées par l’eau qu’ils utilisent. Quant aux filles qui cohabitent dans le même local avec les garçons suite à la dernière menace sur la Prison Civile des Femmes de Cabaret, présentent, elles aussi le même symptôme mais aussi des infections génitales très aiguës. Ces maladies n’ont jamais pu être diagnostiquées car leur dispensaire n’est pas en mesure de le faire et ne répond qu’à l’urgence. De ce fait, ils ont grand besoin de kits hygiéniques, des vêtements (y compris des vêtements pouvant résister au froid) et des sous-vêtements. De plus, il y a l’absence d’activités récréatives et de loisirs pour les détenus/es, encore moins un programme pouvant répondre à leurs besoins d’appartenance et relationnels.
Par ailleurs, selon les observations d’une équipe de la Fondation « Zanmi Timoun », durant la période du mois d’août à octobre 2023, la disposition mise en place pour réaliser les activités de rééducation pour les enfants est à apprécier d’une part. Et l’ambiance de vivre-ensemble et de solidarité qui est présente au moment du repas et de la douche d’autre part. Par ailleurs, la Police Nationale d’Haïti à travers ses agents de surveillance du centre en question, a bien effectué son travail, à savoir « protéger et servir » vis-à-vis les enfants, malgré leurs conditions de travail sont extrêmement difficiles.
La Fondation « Zanmi Timoun » exhorte l’Etat Haïtien à prendre des dispositions nécessaires et efficaces pour favoriser l’accès à la justice aux mineur/res en vue de diminuer la détention préventive prolongée. Parallèlement, il est primordial de mettre en application la loi du 7 septembre 1961 relative aux mineurs qui font face à la justice pénale, précisant clairement que les peines prononcées par les autorités judiciaires et les mesures doivent être des mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation appropriées et personnalisées selon le cas. Dans un aspect social de l’urgence, la Fondation « Zanmi Timoun », appelle à la solidarité collective de tous les acteurs et actrices travaillant dans le domaine de la Protection de l’Enfance, pour monter ensemble une communauté pratique autour de la problématique de la situation des enfants en milieu carcéral en général et au CERMICOL en particulier.
Fait à Port-au-Prince, le 27 octobre 2023
Claïff REFUSÉ
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