12 février, Journée internationale des enfants-soldats : la fondation « Zanmi Timoun » exhorte le gouvernement à réhabiliter les enfants impliqués dans les conflits armés
Haïti est en proie à une crise sociopolitique qui ronge ses entrailles, violant ainsi les droits de l’Enfant. Cette crise chronique est dégénérée en raison de la croissance de la criminalité à un rythme exponentiel. Dans ce contexte d’instabilité, les enfants et les adolescents(es) sont doublement victimes. D’abord, la guerre qui fait rage en Haïti entre les groupes armés les prive de leurs droits fondamentaux, tels que le droit à l’éducation, à la santé, aux loisirs et à la protection, entre autres. En outre, ils sont recrutés comme membres des bandes armées et certaines fois, comme des informateurs et informatrices. Par conséquent, les mineurs mêlés à des conflits armés sont constamment confrontés à des événements douloureux psychologiquement pouvant causer la dépression et des troubles du comportement. Ils peuvent souffrir aussi de multiples séquelles physiques comme la mutilation, le viol, l’exécution sommaire par leur « chef » ou les groupes armés rivaux.
En effet, la fondation « Zanmi Timoun », rappelle qu’un enfant sur dix, soit 300 mille, sont enrôlés de force, utilisés et exploités par les groupes armés à travers le monde, selon les données de l’UNICEF. Pourtant, depuis le 12 février 2002, un Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’Enfant interdit l’utilisation des enfants et des jeunes de moins de 18 ans dans les conflits armés. Ce phénomène, qui constitue un danger pour le bien-être des enfants, touche presque tous les pays du monde, notamment Haïti, qui est aux prises avec la guerre des gangs impliquant des femmes et des enfants, surtout ceux/celles issus des zones défavorisées.
A bien y regarder, ce fléau est bien présent en Haïti alors que son plan d’éradication ne figure sur la liste d’aucune politique publique ou encore ne suscite aucun intérêt des femmes et des hommes au pouvoir. Face à l’augmentation du phénomène de violences et l’indifférence du gouvernement de facto à l’égard des enfants, la fondation « Zanmi Timoun » saisit cette occasion pour exprimer ses profondes inquiétudes pour l’avenir de ces enfants concernés.
La fondation « Zanmi Timoun » souligne le caractère abusif de toute forme d’utilisation des enfants dans les guerres. Le droit international humanitaire interdit les groupes armés de recruter les enfants. De plus, cette interdiction est inscrite dans la Constitution haïtienne de 1987. Pour l’Organisation des Nations Unies (ONU), elle représente l’une des six violations graves des droits de l’Enfant, et constitutif de crime de guerre, passible de poursuites devant la Cour pénale internationale.
Compte tenu des atrocités que vivent les enfants qui prennent part à des affrontements armés en Haiti, la fondation « Zanmi Timoun », tire la sonnette d’alarme auprès de toutes les autorités étatiques et tous les organismes de la Protection de l’Enfance. Elle exhorte le gouvernement actuel de s’attaquer aux causes premières du phénomène qui sont la pauvreté et l’insécurité généralisée dans le pays. De plus, il est recommandé de mettre en œuvre des mécanismes de prises en charges pour que les enfants victimes puissent reprendre une vie productive et se réinsérer comme prescrit l’article 6 du Protocole facultatif à la convention internationale relative aux droits de l’Enfant. Cet instrument juridique international exige des États parties, qu’ils accordent aux enfants ayant été enrôlés ou utilisés dans des hostilités en violation du Protocole « toute l’assistance appropriée en vue de leur réadaptation physique et psychologique et de leur réinsertion sociale » dans le pays concerné.
Fait à Port-au-Prince, le 12 février 2024
Besnard FÉLIX
Responsable de Programme d’Intervention
et de Réinsertion Sociale
Tél : +509 38478918